MOET: (acr. n.f. n.m.): MOniteur-ETudiant. Agent contractuel des bibliothèques de l’enseignement supérieur dont les conditions d’embauche et de travail sont fixées par le décret n° 2007-1915 du 26 décembre 2007.

Une fois que l’on sait ça, on n’est pas beaucoup plus avancé.

La faune barbienne se compose en effet de plusieurs espèces (articles à venir) dont les MOETs. Le ou la MOET est à la BU ce que le “Jeune” est la société : un individu avec des mœurs et des préoccupations bien à lui, et souvent peu compris par le reste de son environnement.

En effet, le MOET en plus d’être membre du personnel de la bibliothèque est également membre du public qui fréquente les lieux : c’est un étudiant. Ainsi si les moniteurs étudiants ont des fonctions proches de celles du reste du personnel de la bibliothèque où ils travaillent, leurs préoccupations et leurs tenues vestimentaires sont celles des usagers des salles de lecture. Afin de pouvoir les distinguer rapidement, les MOETs sont équipés dès leur plus jeune âge d’un badge indiquant leur nom et leur fonction.

La spécificité du MOET tient donc à ce statut hybride, à la fois étudiant mais un peu plus, et pas tout à fait bibliothécaire non plus, un MOET quoi.

Le quotidien du MOET dépend de son planning établi par le service du planning qui donne chaque semaine le rythme des journées dont il est certain qu’elles commencent toutes à 9h par un grand rangement général de tous les étages et qu’elles se finissent toutes par le traditionnel “non monsieur/mademoiselle, certes nous fermons à 20h mais nous vidons les salles à moins dix, ce pourquoi je vous demanderai de bien vouloir ranger vos affaires”.

Le reste de sa journée se subdivise en heures de rangement et en heures de poste en service public aux différents étages et à l’accueil, ponctuées par quelques pauses café à la cuisine dont les MOETs, disons la vérité, ne raffolent que modérément.

Pendant ses périodes de rangement, ou encore de désherbage ou de reclassement, qui sont autant de formes de rangement différentes, le MOET se trouve parfois dans des états mentaux frôlant l’autisme ou la folie : si vous observez ainsi parfois, entre les rayons de la bibliothèque Sainte-Barbe, de jeunes hommes ou de jeunes femmes psalmodiant chiffres et initiales tout seul, comme emportés par quelque rite shamanique, pas de doute : ce sont des MOETs ! Et pas de panique : ils ne font que ranger des livres !

Vous reconnaîtrez facilement un MOET dans son environnement naturel au chariot très souvent bruyant qu’il pousse à travers les rayonnages de la bibliothèque. Ne vous inquiétez pas, ce dispositif ne sert pas à vous prévenir d’un danger imminent (comme ce fut le cas jadis des lépreux munis de crécelles), pas plus qu’il n’aide le MOET à faire ses premiers pas sur ses jambes encore chancelantes, il s’agit seulement de son plus fidèle compagnon, domestiqué depuis des siècles pour l’aider à porter les charges les plus lourdes.

Aux bornes d’accueil les MOETs se font le plus souvent studieux, sérieux, calmes, mais ne vous y trompez pas ! L’œil vif et le regard aiguisé, ils sont à tout instant prêts à dégainer les clés pour changer le papier de l’imprimante ou de-la-photocopieuse-dont-il-suffit-de-mettre-le-papier-en-A4-pour-que-ça-marche-parce-que-sinon-elle-va-chercher-d-autres-formats-de-papier-que-nous-n-avons-pas.

Le régime alimentaire étrange des MOETs qui se nourrissent essentiellement de plats surgelés à des heures parfois incongrues relève d’un écosystème particulier et fragile propre au Quartier latin. Une étude récente, menée en 2012 sur la base d’un échantillon représentatif de 40 MOETs capturé(e)s pour l’occasion puis relâché(e)s dans la nature tend à démontrer que le régime alimentaire desdits MOETs est dépendant de deux facteurs majeurs :

1. les revenus du MOET qui varient selon deux périodes (pondérées par l’impossibilité d’accéder à une cantine) que l’on appelle “début du mois” correspondant dans le meilleur des cas à la première quinzaine, dans le pire à la première semaine, et “fin du mois” variable qui dépend donc de la première. Selon la période, les fumets embaumant les couloirs jouxtant la cuisine et dans lesquels travaillent leurs collègues permanents varient, passant d’odeurs gourmandes et marines à des parfums frôlant le jus de poubelle en “très fin de mois”. Car oui, il faut le dire, les MOETs ne mangent pas toujours à leur faim !
2. l’heure de pause déjeuner (qui peut ne débuter qu’à 16h) et le quartier environnant qui déborde de propositions toutes à la fois alléchantes ou grasses ou chères… quand ce n’est pas franchement les trois à la fois. Ces deux variables spatiale et temporelle expliquent pour beaucoup l’accumulation de cartons de plats surgelés dans le congélateur ou dans la poubelle de la cuisine du quatrième étage.

Le MOET se caractérise aussi par sa nature à rechercher le contact d’autres MOETs avec lesquels il aime pratiquer le troc d’heures de service à l’aide d’un petit fichier informatique, mais également échanger à voix basse. Vous ne l’imaginiez certainement pas, mais le MOET bénéficie d’une ouïe très développée, particulièrement efficace pour percevoir les sons en basse fréquence des chuchotements de ses congénères.

Pour finir le MOET est avant tout un être doux, doué d’une grande intelligence et d’une forte capacité d’adaptation à ses changements d’environnement. Plus que tout il demeure un être social et communicatif. Cette espèce, l’une des plus nombreuses au sein de la faune barbienne gagne à être connue, tout comme les Bibass, espèce récemment introduite dans les BU du Quartier latin.

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